Le gros de la Reconstruction est achevé dès le milieu des années 1950. Mais tous les acteurs ont bien conscience que le travail ne fait que commencer. La Reconstruction en effet n’a concerné que les propriétaires. On peut désormais envisager de résoudre la crise du logement qui dure depuis plus de cinquante ans. La tâche est considérable, d’autant que la France fait face à une croissance démographique sans précédent, le « baby-boom ». C’est donc à ce moment que sont lancés les premiers ensembles de logements sociaux et les premiers lotissements en pavillons individuels, avec des aides pour l’accession à la propriété.

La reconstruction de Vire a eu la même durée qu’ailleurs en Normandie, avec le même rythme heurté lié au manque de crédits et d’ouvriers. Sa mission accomplie, l’Association Syndicale de Reconstruction se dissout en 1963. La reconstruction de la ville a duré une vingtaine d’années, mobilisée une douzaine d’architectes, deux cents entrepreneurs et des milliers d’ouvriers.

Comme tous les Français, les Virois vivent la fin de la pénurie, la montée du pouvoir d’achat et la naissance de la société de consommation sous le parrainage des États-Unis. La Reconstruction coïncide avec l’essor de l’électroménager. Le lavoir public près de l’Écluse devient inutile avec la généralisation du lave-linge. La gazinière remplace le fourneau à bois. Le réfrigérateur se substitue lentement au garde-manger (30% des ménages français sont équipés en 1960). Le mobilier moderne mêle différents matériaux : le bois clair, le rotin, le métal et de nouvelles matières dérivées du pétrole comme le skaï et le formica. De 1945 à 1955, la décoration française, comme les créations scandinaves, recherche les lignes simples. Mais certains restent fidèles au mobilier traditionnel en chêne chargé de décors, fabriqué par des ébénistes locaux.