Le projet impose des règles architecturales (hauteurs maximales, pente des toitures…) et désigne les espaces remarquables où les façades d’immeubles sont mises en harmonie : la place de la Porte-Horloge, la place Castel et les artères commerciales jugées alors importantes comme la rue Saulnerie et la continuité rue Chênedollé-rue des Remparts.
Le Parisien Marcel Chappey est architecte en chef de la reconstruction. Il a pour mission de coordonner les projets de construction des immeubles, d’en assurer l’homogénéité architecturale et de vérifier qu’ils répondaient bien aux prescriptions du plan d’urbanisme. L’architecte municipal Raymond David, originaire de Vire, suit la construction sur place.
Sous la direction de Marcel Chappey architecte en chef de la reconstruction de Vire jusqu’en 1951, les architectes suivent sagement les règles de la composition traditionnelle. Le granit est utilisé pour les façades sur rue. Sur l’arrière, les murs sont en moellons enduits. À proximité de la Porte-Horloge, les façades sont d’inspiration classique. Dans les autres rues du centre, notamment rue de l’Ancienne-Poissonnerie et rue du Neufbourg, les références sont régionalistes : les immeubles sont distincts les uns des autres et son animés de lucarnes, de bow-windows, de frontons, etc. Mais ils ne sont pas satisfaisants car fermés sur eux-mêmes ils ne répondent pas bien aux impératifs d’hygiène, d’aération et d’ensoleillement que l’État souhaitait imposer. Ils sont de plus onéreux et longs à construire. En 1949, l’urgence appelle des solutions nouvelles dans tous les domaines : financement, techniques de construction, etc.
Pour faire des économies d’échelle, l’Etat décide en 1949 la construction d’un Immeuble Rationnel Préfinancé (IRP) sur l’îlot D2 à l’angle des rue Turpin et rue Armand-Gasté. Cet ensemble novateur comprend quinze commerces et cinquante-cinq logements, accessibles aux Virois en échange de leurs dommages de guerre. Son ossature est en béton armé, les murs constitués d’éléments préfabriqués en béton. Il possède un étage de plus qu’autorisé. Sa massivité est allégée par le retrait du dernier étage et par la présence de loggias utilisées pour la première fois à Vire.
Historique réalisé par Patrice Gourbin et Camille Bidaud avec la participation du Musée de Vire Normandie.